Lignes quotidiennes

Lignes quotidiennes
Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

dimanche 31 mars 2013

L'absent (1)

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Des flocons blancs flottent. Neige ou pollen ? Des joggers tournent en rond sur la piste rouge, des collégiens chahutent sur la pelouse artificielle. Je n’ai pas le cœur à courir. Je m’assieds sur un banc de pierre, les mains engourdies par le froid.
La dernière fois que je suis venu ici, il était encore parmi nous. Mais, la fin approchait. Le savions-nous ? L’ignorions-nous ? Nous attendions. Espérant l’impossible, refusant l’inévitable irréparable.
 
Je me lève.
 
Combien d’endroits vais-je désormais arpenter autrement ?
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vendredi 29 mars 2013

Confiture de poil à gratter

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C'est bon et ce n'est pas pour les cochons !


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Le cynorrhodon est appelé vulgairement « gratte-cul », car il fournit le poil à gratter. Le cynorrhodon est parfois aussi appelé « gousson ».
Le cynorrhodon ou cynorhodon est, sur le plan botanique, le faux-fruit provenant de la transformation du réceptacle floral du rosier et de l’églantier, et plus généralement des plantes du genre Rosa, de la famille des Rosacées. Les fruits proprement dits des rosiers sont en fait les akènes situés à l'intérieur (source wikipedia)
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jeudi 28 mars 2013

La chronique du blédard : Ni haïk, ni hidjab ni seins à l’air

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Le Quotidien d'Oran, jeudi 28 mars 2013
Akram Belkaïd, Paris
 
Il fut un temps où l’Algérie indépendante entendait dévoiler ses femmes. Bien sûr, la méthode n’était pas celle, brutale, qui fut utilisée, un temps et en vain, par le colonisateur à la fin des années cinquante. Non, il s’agissait de progressisme volontariste, l’objectif étant de donner aux Algériennes les mêmes droits que les hommes. Les deux premières décennies de l’Algérie indépendante furent donc, vaille que vaille, celles de la mixité, des têtes découvertes et des jupes plus ou moins courtes. Puis, vint la régression que nous connaissons aujourd’hui avec ses voiles imposés par des prédicateurs influencés par le Machrek et le Golfe.
 
Dernièrement, et pour dénoncer cela, des femmes ont défilé à Alger habillées du haïk traditionnel. Une petite vaguelette blanche qui a fait beaucoup parler d’elle et dont l’objectif était de revendiquer une authenticité bien algérienne face aux hidjabs, niqabs et autres djelbabs. On pourrait applaudir à cet acte de résistance contre la propagation dans le pays de ces accoutrements étrangers et d’un autre âge (à ce sujet, les hommes pourraient aussi se pavaner à leur tour en seroual-loubia pour dire tout le mal qu’ils pensent de la tenue kamiss-claquettes). Le problème, c’est qu’on ne lutte pas contre une régression par une autre régression. En clair, le haïk n’est pas la solution, bien au contraire. Il faut même se demander si le hidjab ne lui est pas préférable car, au moins, il ne cache pas le visage de la femme et la laisse plus libre de ses mouvements. Mais n’entrons pas dans ce genre de raisonnement, il ferait trop plaisir aux conservateurs qui savent servir à merveille ce genre d’arguments spécieux.
 
Non, le vrai objectif est de faire en sorte que les Algériennes aient les mêmes droits que les Algériens. Une égalité qui passe par l’abrogation du Code de la famille que plus personne ne semble réclamer. Il est vrai que certaines de ses anciennes contemptrices sont désormais tirées d’affaire, ayant accédé à de hautes fonctions ou sévissant au sein de l’Assemblée nationale. Oui, défendre l’égalité homme-femme, c’est dire haut et fort qu’il faut interdire la polygamie, qu’il faut légiférer sur l’égalité d’accès à l’emploi, qu’il faut criminaliser les violences conjugales et qu’il faut mettre fin au scandale honteux de la répudiation et des femmes mises à la porte de chez elle par la simple volonté masculine. C’est reprendre le combat de nos aînées, leur dire que ce qu’elles réclamaient n’était pas utopique car un peuple qui bride et brime une part de lui-même ne s’en sortira jamais.
 
C’est aussi commencer le combat à la maison, dans la cellule familiale, pour que les pères mais aussi les mères – qui sont trop souvent les outils de répression de leurs propres filles – fassent en sorte que les frères aient les mêmes devoirs que leurs sœurs, notamment en ce qui concerne les tâches ménagères, et que ces mêmes sœurs aient les mêmes libertés que leurs frères. Bien entendu, ce n’est pas facile, ce n’est pas évident dans une société à la fois patriarcale, méditerranéenne et musulmane. Mais là est le vrai combat. Il n’est pas dans l’exhumation d’un bout de tissu blanc aussi dentelé et fin soit-il…
 
Cette petite manifestation en faveur du haïk témoigne de cette confusion et de cette absence de discernement propres à nos sociétés. Le manque de culture politique, la volonté de frapper les esprits par le biais du buzz médiatique en sont responsables mais aussi l’égotisme, véritable maladie de ce début de siècle comme le montre l’explosion des réseaux sociaux sur internet où chacun raconte sa vie dans les moindres détails comme s’il s’agissait d’une aventure extraordinaire. Mais, ce genre d’actions fait rarement avancer les choses et seul compte le travail de fond et de proximité. Et, avec lui, l’explication, et l’argumentation. Cela vaut pour ces jeunes femmes arabes qui empruntent le sillage des Femen ukrainiennes en exhibant leurs poitrines nues pour revendiquer leurs droits et faire passer un message féministe et anti-intégriste. Sans surprise, ce mode d’action a les faveurs élogieuses des médias occidentaux et de leurs chroniqueurs en mal d’engagements (que feraient-ils d’ailleurs si le monde arabe n’existait pas ?).
 
Mais il faut vraiment être naïf – ou cynique - pour affirmer qu’une poitrine nue peut changer les choses. Bien sûr, cela offre une petite notoriété, un visa pour l’Europe, peut-être même un prix d’une quelconque fondation humaniste avec à la clé une rétribution bienvenue. Cela donne lieu à un moment de célébrité warholien et contribue à alimenter en sujets l’industrie française de l’indignation et des mobilisations sélectives. Car, il y a celle qui enlève le haut et celles et ceux qui s’inquiètent et tempêtent pour elle, ce qui leur offre aussi, le moment de célébrité… Mais, tout cela ne fera certainement pas disparaître le machisme et la misogynie en Algérie, Tunisie ou ailleurs dans le monde arabo-musulman. Une poitrine à l’air avec inscrit sur elle un message politique ? Les intégristes y trouvent matière à fulminer et à menacer, les imams une occasion pour donner de la fatwa rétrograde et la majorité silencieuse, celle qui, demain, pourrait enfin comprendre pourquoi l’égalité entre les hommes et les femmes est si vitale, va se demander si tout cela est bien sérieux.
 
Comme je l’ai déjà écrit dans un texte récent : n’est pas Lady Godiva qui veut (*). Et ces néo-militantes seraient mieux inspirées de s’en retourner vers des modes d’actions plus classiques, certes moins spectaculaires et moins susceptibles de les rendre célèbres, mais, à terme, bien plus efficaces à l’image du « Grassroots commitment » cher aux sociétés civiles anglo-saxonnes. La cause des femmes est une affaire trop sérieuse pour être réduite à ce genre d’actions, certes risquées et dangereuses, mais néanmoins guignolesques et narcissiques...
 
(*) Lignes quotidiennes, lundi 31 décembre 2012.
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La chronique économique : Les ambitions institutionnelles des BRICS

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 27 mars 2013
Akram Belkaïd, Paris

Le cinquième sommet annuel des grands pays émergents qui a débuté hier à Durban (Afrique du sud) est tout sauf un événement marginal. Réunissant les fameux BRICS, à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, il est une nouvelle étape dans la remise en cause de l’ordre hérité de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est ni plus ni moins qu’une poursuite du basculement de la planète vers de nouveaux centres de décision plus indépendants de l’Occident en général et des Etats-Unis en particulier.
 
Une nouvelle banque, un nouveau Fonds
 
Que veulent les BRICS ? Leurs ambitions sont importantes. Il y a d’abord le projet de nouvelles institutions qui seraient concurrentes du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM). On le sait, ces deux organisations sont entre les mains des Etats-Unis et de l’Europe comme le montre le processus de désignation de leurs dirigeants ou la répartition des droits de vote dans leurs instances de direction. Les BRICS ambitionnent donc de créer une nouvelle banque internationale destinée à financer les grands projets d’infrastructures. Du coup, cela affaiblirait la Banque mondiale et cela donnerait le choix à d’autres pays qui pourraient de ce fait échapper aux règles drastiques et non dénuées d’arrière-pensées politiques qu’impose cette institution.
 
De même, et c’est peut-être encore plus important, les BRICS souhaitent la naissance d’un fonds international qui aurait comme mission de gérer une partie de leurs fabuleuses réserves de change (près de 5000 milliards de dollars à eux cinq). Dans ce cas, le FMI perdrait une partie de son pouvoir et de son influence, n’étant plus l’unique argentier mondial. Là aussi, cela donnera une plus grande marge de manœuvre pour les pays désireux de contracter des prêts ou de boucler leurs budgets. Dès lors, on comprendre pourquoi ni Washington ni l’Union européenne ne voient d’un bon œil les projets institutionnels des BRICS qui pensent aussi à créer une agence de notation, une structure de soutien pour les entrepreneurs et même leur propre système de classification des grandes universités mondiales.
 
Rien ne dit que les BRICS vont réussir là où, par exemple, les pays asiatiques ont jusqu’à présent échoué. On se souvient que ces derniers avaient envisagé de créer un Fonds asiatique destiné à concurrencer le FMI. C’était juste après la crise de la fin des années 1990 où l’intervention de l’argentier basé à Washington avait été particulièrement mal vécue en Asie. A ce jour, le projet existe encore mais il n’a guère évolué. Pour les BRICS, la réussite passe donc par l’adhésion des autres pays qu’ils soient émergents ou en voie de développement. Si ces derniers soutiennent cette démarche, alors on pourra estimer que le rééquilibrage institutionnel du monde est bel et bien enclenché. La partie de bras de fer ne fait donc que commencer comme en témoigne les tournées diplomatiques des dirigeants du FMI et de la Banque mondiale dont un volet concerne nécessairement leur volonté de contrer les velléités indépendantistes des BRICS.
 
L’Algérie devra se positionner
 
Cette évolution ne peut qu’interpeller l’Algérie. Comment se pays va-t-il se déterminer ? Restera-t-il dans le giron du FMI à qui, d’ailleurs, il vient de prêter de l’argent ? Va-t-il, au contraire, renouer avec ce qui paraît être un lointain écho du mouvement des non-alignés ? Les questions sont posées mais elles ne peuvent permettre d’éluder un point majeur. Pour avoir son mot à dire, l’Algérie et son économie devront d’abord entrer dans l’émergence. Ce qui, n’en déplaise à certains, est encore loin d’être le cas.
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lundi 25 mars 2013

Tchat avec un fâcheux

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Au travail, dès le matin. Message instantané qui s'affiche à l'écran.

- Bjr. Je vous ai entendu il y a deux jours à la radio. Vous mettiez en garde contre les dangers des partenariats publics et privés dans des les pays arabes
- Bonjour monsieur. Oui, mais j'ai précisé que cela concernait surtout les pays qui n'ont pas de structures étatiques et publiques suffisamment fortes pour s'assurer que le partenariat est bien géré et efficace.

Là, je me dis que nous allons avoir un échange sur l'opportunité ou pas de ces PPP pour des pays comme l'Egypte, la Tunisie ou même l'Algérie. Que nenni !

- Vous auriez pu me citer quand même !
- ?
- Oui, j'ai publié un long article à ce sujet
- Ah, et c'était quand ?
- Il y a six mois
- Vous m'avez cité ?
- Pardon ?
- Oui, j'ai consacré un chapitre à cette question dans Etre Arabe Aujourd'hui.
- C'est quoi ?
- Un livre...
- Il est paru quand ?
- Il y a bientôt deux ans.

Un temps passe, celui certainement de la vérification

- Ah oui, c'est vrai. Les grands esprits se rencontrent !
- En fait, non, ma modeste contribution n'a fait que précéder votre grand esprit !

Pas eu de réponse. Bizarre...

Akram Belkaïd
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samedi 23 mars 2013

Deux baguettes, s'il vous plaît

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- Bonjour madame, deux baguettes, s'il vous plaît.
- Lesquelles ?
- Comment ça, lesquelles ? Juste des pas trop cuites.
- Non, quel genre de baguette. On a des paysanes à un euro quinze. Des traditionnelles à un euro dix. Il y a aussi des baguettes aux céréales et des épis d'or à un euro trente.
- Non, je veux juste des baguettes normales.
- Désolé, on n'en fait pas.
- Bon... pffff. Donnez-mois deux paysannes, alors.
- Deux euros trente, s'il vous plaît. Non, monsieur, il faut mettre les pièces dans la machine.
- Quelle machine ?!
- Là, devant vous ? Elle vous rendra la monnaie.
- Ah, et bientôt elle servira les clients à votre place ?
- (rires) Possible ! C'est juste pour éviter qu'on touche trop de microbes en manipulant les pièces.
- Ah, c'est bien. Et si je vous donne un billet ?
- On l'encaisse et la machine vous rend la monnaie.
- Ah bah ! On n'arrête pas le progrès.
- Comme vous dites. A qui le tour ?

Akram Belkaïd
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vendredi 22 mars 2013

A morning


La chronique du blédard : Au café, en bas des pistes

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Le Quotidien d'Oran, jeudi 21 mars 2013
Akram Belkaïd, Paris
 
Il devait être huit heures du matin. J’avais décidé de changer de café, histoire de me sentir capable de prendre de nouvelles habitudes. J’étais dans le coin de la salle, juste à côté du radiateur. La tête gonflée de sommeil, je n’avais envie de parler à personne et certainement pas que l’on vienne me raconter sa vie ou me demander de résumer la mienne. Humeur dégage, donc. Je l’avais signifié au serveur en répondant à peine à son bonjour et à son « vous venez de Paris ? ». Non, de Ténès, Tennessee... (ah, le « oh »impressionné du chaufournier…) Et surtout, surtout, n’oubliez pas le verre d’eau et Le Dauphiné du jour. Oui, bien sûr que ça m’intéresse les nouvelles locales. Les histoires d’avalanches, de skieurs bataves perdus sur les versants hors-pistes, de surfeurs emmenés au poste pour avoir consommé du cannabis, de douaniers traquant les passeurs d’euros de l’autre côté de la frontière (si, si, comme au bon vieux temps du franc et du contrôle des changes…). Oui, ça me passionne, ça me change des bêtises insipides et prévisibles de la presse dite nationale. Le local, c’est de l’info, coco !
 
Deux types se sont installés au comptoir. Jeunes, la trentaine, allure de snowboarders revenus de tout. D’abord, j’ai cru qu’ils se connaissaient puisqu’ils étaient arrivés en même temps mais j’ai vite pensé que je me trompais. Ils se donnaient presque le dos. L’un pianotait sur son téléphone portable. L’autre, oscillait de droite à gauche, manquant une fois sur quatre (si l’on compte les oscillations de chaque côté) ou une fois sur deux (si l’on ne compte que celles sur la gauche) de toucher son voisin. Je les ai observés pendant quelques minutes, essayant de deviner s’ils étaient ou non du coin. Je n’ai pas entendu leur commande parce que quelqu’un dans la salle s’est mis à parler fort. De foot, de Zlatan et du Barça. J’ai juste noté que le pianoteur, ou devrais-je écrire, le double-pouçoteur - je sais, ce mot n’existe pas mais cela devrait être le cas car, comment définir autrement ce nouvel usage frénétique des deux pouces ? Reprenons, le double-pouçoteur avait donc commandé une chope plutôt impressionnante pour une heure aussi matinale. Et, cela, c’était le signe que quelque chose pouvait arriver ce qui impliquait de garder un œil sur le duo sans se laisser distraire par l’évocation du prochain duel Messi-Ibra.
 
J’ai repris ma lecture. Une histoire passionnante d’un refuge en altitude payé par le contribuable et toujours fermé aux randonneurs à piolet à cause de normes de sécurité non-respectée. C’est vrai, que faire et où aller si, de nuit, un incendie se déclare et qu’il fait moins vingt à l’extérieur ? Déclarations d’élus locaux, mises en garde de deux ou trois ONG, propos désabusés d’hôteliers. L’info, toujours et encore. La proximité. C’est par là que passera la survie de la presse. Et puis, ce que je voyais par la fenêtre grande ouverte (on aère un peu monsieur, ça va vous réveiller…) m’a absorbé. Des bus déversant leurs cargaisons de skieurs à la démarche à la fois désarticulée et conquérante. On entendait le bruit sourd de leurs talons sur le trottoir gelé et le cliquètement des attaches métalliques telles des éperons d’acier. Des parents hurlant après leurs enfants parce qu’ils les ralentissaient dans la course vers les télécabines. Vite, oui, allons du nerf, il a y avoir la queue. Courir, toujours courir. Pour ne pas être le dernier à embarquer. Pour dévaler la piste, manquer d’embrocher quelques débutants hésitants et remonter pour recommencer…
 
C’est pas pour vous que je dis ça, mais les Parisiens c’est quand même une drôle d’engeance, m’avais-t-on dit l’avant-veille. J’ai rigolé, trop fatigué par la route pour répondre quelque chose d’amusant ou de pas trop banal. Oui, c’est vrai, de novembre à avril, des légions de crétins fondent sur les Alpes. Et, de l’avis général au village, les Parisiens, beaufs ou bobos, sont en tête du classement suivis de près par les Russes qui commencent à pointer le bout de leur nez rouge. Tiens, crétine est cette mère qui humilie son enfant devant tous ses camarades du cours collectif. Il pleure et essuie sa morve sur des moufles trop grandes. Il a peur, il le dit. La deuxième étoile, c’est trop difficile, maman. J’arrive pas à skier en parallèle. Il n’a pas vu venir la gifle. On te paie des cours et toi, tu nous fais honte ? Ecoute bien le moniteur et ça ira mieux. Il ravale ses sanglots et baisse la tête. La mère chausse ses skis et s’en va déjà vers le télésiège. Un autre gamin s’approche. T’as pas honte de faire ta mauviette, demande-t-il. L’autre détourne les yeux.
 
Le Nestor a fermé la fenêtre et je me suis replongé dans le journal. Soudain, il n’y a plus eu de bruit dans la salle et l’atmosphère est devenue pesante. J’ai mis du temps à comprendre la raison du malaise général. Le serveur venait de passer devant moi et je n’ai pas tout de suite vu ce qui se passait au comptoir. Les deux types y étaient encore mais debout. Ils s’embrassaient. Sur la bouche. J’ai croisé le regard effaré du serveur puis, celui, tout aussi interloqué, d’un autre client qui lisait Le Dauphiné de la veille.« Dehors ! Out ! Pas de ça ici ! » a alors crié le patron. Les deux gars sont partis, sans rien dire, la démarche lente, et, chose étrange, toujours comme s’ils ne se connaissaient pas. Ensuite, il y a eu des rires et quelques commentaires salaces. « Des Anglais », est venu me dire le serveur sur le ton de l’excuse gênée. Je n’ai pas répondu, me disant qu’il était temps que j’aille travailler un peu.
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هيسيل وحقائق فرنسوا هولاند المواربة

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Al-Akhbar :

يصبح هولاند من المتزمتين ما إن تذكر أمامه مسألة فلسطين (أ ف ب)
 

 

 
«كان بإمكانه الانطلاق من قضية شرعية، مثل قضية الشعب الفلسطيني، فيثير بتصريحاته حالة عدم فهم بين أصدقائه، وأنا واحد منهم. الصدق لا يلتقي بالضرورة مع الحقيقة، هو كان يدرك ذلك، ولكن أحداً لم يستطع أن ينتقص من شجاعته». هذا المقطع مقتبس من خطاب الرئيس الفرنسي فرنسوا هولاند خلال مراسم تأبين الراحل ستيفان هيسيل.
«عدم الفهم»، يا له من تعبير دنيء، إن لم نقل شيئاً آخر. فما عساك تصف إسفافاً مماثلاً بالكاد تخفيه أناقة الأسلوب؟ كم من اشتراكي فرنسي، ويتصدرهم رئيسهم، يصبحون متزمتين يائسين ما إن تذكر أمامهم مسألة فلسطين والفلسطينيين. وكم ينتشر النفاق وقلّة...، دعونا نقول قلّة الشجاعة، في حزب يرفع راية الحركة الإنسانية وتعهدات جان جوريس.
ما الذي فعله أو قاله ستيفان هيسيل، ليشعر الرئيس الفرنسي بأنه مضطر إلى تحييد نفسه عنه حتى في يوم دفنه؟ هل هو عميل قديم تورط بالشؤون المالية لبعض سياسيي اليسار؟ هل هو ناكر للمحرقة اليهودية؟ هل هو أحد الرموز الفاسدة لعلاقات فرنسا مع أفريقيا التي لطالما كانت مصدر تمويل للحياة السياسية الفرنسية؟ هل هو صديق أو محامي بعض القادة الأفارقة الذين احتضنهم الحزب الاشتراكي قبل أن يضحوا طغاةً، لا يكترثون بحقوق ولا بإنسان؟ كلا، لم يكن أيّ من ذلك، فستيفان هيسيل كان رجلاً يلتزم التعهدات، ويقول كلمة الحق علناً، حتى في أحلك الظروف.
يظنّ المرء أن هذا المقاوم العتيق كان ليدفن في مقبرة العظماء بالبانثيون في باريس، لو لم تخطر له فكرة الدفاع عن الشعب الفلسطيني والإعلان بالصوت العالي أنّ وضع هذا الشعب غير مقبول وفق القوانين الدولية ووفق القيم الأخلاقية الأساسية. وهذا ما لم يفهمه فرنسوا هولاند... أو، ما ادّعى أنه لم يفهمه. ففي مثل هذا الوضع المخزي، لا يخفى على أحد، الأسباب الحقيقية التي تدفع البعض إلى إضافة كلمة «ولكن» على «النعم» التي يعطونها لهيسيل وذكراه. هذا إن لم نشر إلى أولئك الذين ازدروه، فيبدو أنّ أحداً لم يعلمهم أصول اللياقة بعدم الإساءة إلى الميت، خصماً سياسياً كان أو حتى عدواً.
وبالعودة إلى هولاند ونظرته إلى الحقيقة، يبقى السؤال هو نفسه: هل يمكننا في فرنسا انتقاد إسرائيل والحديث عن الظلم اللاحق بالفلسطينيين دون أن نتهم، كما حصل مع ستيفان هيسيل بمعاداة السامية؟ لا نسعى هنا إلى الإجابة عن هذا السؤال بنحو موسّع؛ فقد سبق أن طرحه كتّاب كثيرون، بينهم المفكّر إدغار موران، وقد أحيلوا على المحاكم لأنهم أعربوا علناً عن رأيهم بدولة إسرائيل. المثير في تصريح فرنسوا هولاند أنه يطرح التساؤلات عن مدى جدية الخطاب العام حين يتعلق الأمر بالدولة العبرية والمسألة الفلسطينية.
في الطبقة السياسية الفرنسية، أشخاص يستشرسون في دعم إسرائيل، لكن يوجد أيضاً من لم يخف يوماً من إعلان تأييده للفلسطينيين، نذكر بنحو خاص الشيوعيين والعديد من مناصري البيئة واليسار المتطرف. ثمّ يأتي الآخرون، أصحاب الأقنعة الذين يدافعون عن إسرائيل في العلن، ولكن آراءهم الشخصية تختلف تماماً. ففي مجالسهم الخاصة قد يستخدمون عبارات لاذعةً مناهضة لإسرائيل، يمكن وصفها حتى بمعاداة السامية. بالنسبة إليهم هذه «الإسرائيلفيليا» إن جاز التعبير، ما هي إلا استراتيجية يعتمدونها كي لا يُنفروا أولئك الذين يظنّون أنفسهم الداعمين الفرنسيين الجبابرة للدولة العبرية. وهذه الظاهرة شائعة عند بعض العرب ــ البربر الذين يسعون إلى الترويج لأنفسهم في وزارة الخارجية الفرنسية. وعلينا الاعتراف بأن هذه الاستراتيجية تنجح، على الأقل لبعض الوقت. ولكن يا له من دجل ونفاق! ها هو إمام المسجد اللطيف، كان بالأمس ينادي بارتداء النقاب، واليوم يتكلّم بالحسن عن إسرائيل. وها هو الكاتب المسلم الشجاع (ولكن العلماني) الذي لا يتفوه بكلمة عن الأطفال الفلسطينيين بل يصبّ غضبه على من له... وهنا الصحافي العربي المغوار الذي يدافع عن قصف قطاع غزّة. في الواقع، هؤلاء المتصنعون هم معادو السامية الحقيقيون. فمثل اليمين المتطرف الفرنسي في ثلاثينيات القرن الماضي، هم يؤمنون بشدّة بوجود لوبي يهودي خارق، يمسك بكلّ الخيوط من وراء الكواليس. والأسوأ، هو أن خداعهم لا يخفى على أحد، بمن فيهم المعنيون بنحو رئيسي، ونعني المدافعين عن إسرائيل. ولكن يبدو أن هؤلاء يفضلون النفاق على مواجهة المعارضة العلنية.
هذا هو الواقع. إنها اللعبة النتنة القائمة على المظاهر والوضعيات التي تجبر البعض على ادعاء ما لا يؤمن به. ليسقط الشرف إذاً، هذه القيمة باتت ثانويةً في زمن اليوم، وليسقط الاحترام الذي ندين به للآخرين، هذا الاحترام الذي يفرض علينا التمسّك بقناعاتنا والتصرّف على أساسها. كلا، ما كان ستيفان هيسيل ليرغب بالمواربين الذين يدّعون الحقيقة ويمطروننا بشعارات لا يؤمنون بها.

أكرم بلقايد


* صحافي جزائري/ تونسي مستقلّ يعمل في مجموعة صحف عربيّة وأجنبيّة، بينها «لو موند

jeudi 21 mars 2013

Staying dark

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Voici donc revenu le temps des arbres en fleurs, d’un parfum mystérieux qui va flotter dans les airs, des éveils après une longue parenthèse faite de brumes, de nuages et de souffle glacial. Mais l’hiver résiste. Il veut rester. Nous obliger à le craindre encore. Nous rappeler ce qu’il nous a infligé comme blessures et détresses. Allez, dégage. C’est le moment de rentrer chez toi, d’aller ailleurs. L’hémisphère sud t’attend. Ah, ça oui. Il est temps que tu t’en ailles. Non, je ne t’en veux pas. Je vais peut-être même te regretter. Sans toi, plus aucune excuse pour se cacher du monde. Il va falloir sortir de sa grotte. C’est la loi que dicte le frémissement printanier. Remarque... Oui, d’accord, tu peux rester encore un peu. Cela m’arrange. Quelques jours. Oui, une semaine ou deux. Mais, pas plus. Enfin, on verra bien...

Akram Belkaïd

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La chronique économique :Le pas de deux énergétique d’Obama

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 20 mars 2013
Akram Belkaïd, Paris
 

Quelle est la politique énergétique de Barack Obama ? Il y a quelques jours, le président étasunien a présenté une nouvelle feuille de route en la matière où il a réitéré sa volonté de voir les Etats-Unis développer massivement les énergies alternatives. L’un des points majeurs de son programme a été l’annonce d’un financement de 2 milliards de dollars sur dix ans pour la recherche sur des véhicules ne fonctionnant pas à l’essence mais à l’électricité, au biofuel, à l’hydrogène ou encore au gaz naturel. Tous ces carburants alternatifs devront être produits aux Etats-Unis et non importés de façon à réduire les dépenses énergétiques de ce pays.
 
Les hydrocarbures non-conventionnels en vedette
 
Les intentions officielles du président américain n’ont donc pas changé. En 2008, lors de sa première élection, il avait déjà promis que son pays entrerait dans l’ère des énergies alternatives avec un développement du solaire, de l’éolien et de l’hydrogène. Mais, à ce jour, ces promesses n’ont guère été suivies d’effets majeurs. Certes, l’administration fédérale a lancé quelques programmes de soutien à la recherche sur les sources d’énergie hors hydrocarbures mais le fait est que les Etats-Unis restent encore dépendant du carbone. En 2008, Obama n’avait, semble-t-il pas, anticipé le développement spectaculaire des hydrocarbures non-conventionnels tels que le gaz et le pétrole de schiste. Aujourd’hui, ces deux ressources sont à l’origine de la diminution d’un tiers des importations américaines de pétrole depuis 2008. Mieux, selon les projections avancées par l’Agence internationale de l’énergie, cela devrait conduire les Etats-Unis à une quasi-autosuffisance en matière d’hydrocarbures d’ici 2020.
 
Cette perspective est donc en complète contradiction avec le discours d’Obama dans la mesure où la politique énergétique des Etats-Unis est partie pour reposer avant tout sur l’exploitation massive d’hydrocarbures non-conventionnels. Dès lors, on voit mal comment les énergies alternatives pourraient se en parallèle. On le sait, et au-delà des incantations habituelles sur la nécessité de préparer l’après-pétrole, il est pratiquement impossible de promouvoir un approvisionnement secondaire, tel l’éolien ou le solaire, quand la majorité des investissements (et des incitations fiscales) vont à l’exploitation et le développement d’une source principale en l’occurrence le pétrole et le gaz de schiste.
 
L’un des exemples qui illustre bien les contradictions de la politique énergétique d’Obama réside dans le projet de l’oléoduc Keystone XL. Ce pipeline est destiné à convoyer du pétrole non-conventionnel extrait des champs de sables bitumineux de l’Alberta (ouest du Canada) vers les raffineries du Golfe du Mexique. Des centaines d’ONG y sont opposées à la fois en raison du bilan calamiteux de l’exploitation de cet hydrocarbure lourd en Alberta mais aussi en raison des dommages occasionnés à l’environnement, notamment dans l’Etat du Nevada, par la construction de l’oléoduc. Nombre de ces opposants espèrent encore que la Maison-Blanche mettra son veto au projet Keystone XL mais il est pratiquement certain que cela ne sera pas le cas. Ainsi, tout en parlant d’énergies alternatives, l’administration Obama ne s’opposera pas au développement de projets énergétiques controversés.
 
Incertitudes sur le nucléaire
 
Par ailleurs, le président américain reste encore très vague quant à ses intentions concernant l’énergie nucléaire. Il y a dix ans, l’administration Bush avait envisagé de relancer la construction de centrales nucléaires mais sans vraiment donner l’impression d’y croire. Obama n’a pas écarté une telle perspective mais aucun plan concret en la matière n’a été présenté. Plus important encore, Washington donne l’impression d’ignorer les mises en gardes répétées de plusieurs experts qui dénoncent le délabrement continu des centrales déjà existantes et qui pressent le gouvernement fédéral d’agir rapidement pour leur rénovation. Une demande qui bute contre les difficultés budgétaires des Etats-Unis.
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mercredi 20 mars 2013

Karim Benzema, dites-leur « merde ! » C’est un mot bien français

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Disons-le, les incivilités et autres actes d’enfants gâtés dont sont responsables les footballeurs français d’origine maghrébine (pour ne parler d’eux) ne cesseront jamais de m’énerver. J’y ai consacré plusieurs écrits et lectures dont celle de l’excellent ouvrage du sociologue Stéphane Beaud (Traîtres à la nation, en collaboration avec Philippe Guimard). Mais, il y a une limite à tout. Le lynchage médiatique dont fait actuellement l’objet Karim Benzema ne relève pas d’une indignation sincère dénuée d’arrière-pensées. Il ne veut pas chanter La Marseillaise ? Et alors ? C'était déjà le cas de Michel Platini ou de Fabien Barthez ! Ce serait un grave crime ? Où est-il écrit que c’est une obligation légale, juridique, morale ou même patriotique ? Et, pour celles et ceux qui font le lien avec le tristement célèbre match France-Algérie d’octobre 2001 au Stade de France (où La Marseillaise avait été sifflée), je rappelle qu’il y a une différence énorme entre siffler un hymne et ne pas le chanter. Et depuis quand juge-t-on de l’amour que l’on peut porter à un pays de la connaissance ou non des paroles de l’hymne national ? On peut très bien chanter La Marseillaise à chaque occasion et planquer son argent en Suisse…

Qu’on le veuille ou non, cette affaire relève d’un racisme qui dit de plus en plus son nom et qui ne craint plus de s’afficher. Ainsi, parce que l’on serait d’origine étrangère, et plus spécialement maghrébine, on n’aurait plus le droit de dire ce que l’on pense ? On n’aurait pas le droit de faire comme tant d’autres « vrais » français qui se fichent de La Marseillaise comme de leur premier bouton d’acné ? On en revient donc au « discours imposé » que les communautés porteuses d’altérités devraient servir pour être acceptées. Oui, missiou, ji chante La Marseillaise, moi ji souis un bon fronçais… Voilà les propos qui sont attendus et exigés.

Cher Karim Benzema, je ne vous connais pas et je n’apprécie guère certains de vos écarts (pas plus que, en tant que supporter viscéral du Barça, je n’admets votre appartenance au Real, mais ça c’est une autre histoire…). Je suis sûr que vous êtes suffisamment fort pour bien vous défendre mais, en tous les cas, vous avez dit ce que vous pensiez et je vous dis bravo pour cela. Tenez bon et ne faites pas machine arrière. A vos détracteurs, dites que vous êtes Français avec vos droits et vos devoirs. Oui, que vous êtes un citoyen français comme les autres et qu’il faut qu’ils s’y fassent ou qu’ils en appellent à un nouveau Pétain pour changer cela. Et s’ils persistent dans leurs hurlements hypocrites, renvoyez-leur le plus célèbre mot de la langue française depuis Cambronne à Waterloo. Dites-leur « merde ». Tout simplement.

Akram Belkaïd
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mardi 19 mars 2013

La F1 et le DRS !

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N'étant pas (plus) un spécialiste ou un fan de la F1, vous imaginez ma surprise quand, écoutant d'une oreille distraite, la rediffusion du GP de Melbourne, j'ai entendu les commentateurs dire que le DRS posait souci à la Formule 1. J'ai bondi, me disant, mais, c'est pas possible ! Même la F1 !!!! Bababa ! Trop fort, khô !

Pour en savoir plus : cliquer avec le mulot ici
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dimanche 17 mars 2013

La chronique économique : La consommation allemande s’éveille

Le Quotidien d'Oran, mercredi 13 mars 2013
Akram Belkaïd, Paris
 
 
La crise, quelle crise ? Selon l’office fédéral des statistiques (Desatis), les exportations allemandes sont reparties à la hausse au mois de janvier après un (léger) trou d’air au dernier trimestre 2012. Ainsi, l’excédent commercial allemand a-t-il atteint 13,7 milliards d’euros (12,1 milliards d’euros en décembre 2012) avec des exportations d’un montant de 88,6 milliards d’euros (+3,1%). Le moteur principal de l’économie germanique se porte donc bien dans un contexte régional où il n’est pourtant question que de la crise de l’euro et des nuages noirs qui s’accumulent sur le ciel européen.
 
Un rééquilibrage de l’économie allemande
 
Les chiffres du commerce extérieur allemand vont-ils donc relancer les polémiques à propos d’une Allemagne « égoïste » et peu pressée d’aider ses partenaires européens, à commencer par la France, qui baignent dans le marasme ? L’examen des chiffres publiés par Desatis plaide plutôt pour le contraire et c’est une grande première. En effet, les importations allemandes ont aussi progressé de 2,9% à 74,9 milliards d’euros. Plus important encore, l’excédent commercial de l’Allemagne vis-à-vis de la zone euro a fondu de moitié depuis 2008. A titre d’exemple, en janvier, les importations en provenance de la zone euro ont augmenté de 2,8% tandis que les exportations à l’égard de cette zone font du surplace (+0,4%). En clair, cela signifie deux choses. D’abord, l’Allemagne importe plus de produits en provenance de la zone euro qu’avant ce qui est une bonne nouvelle pour ses voisins. Ensuite, les exportations allemandes se dirigent plutôt vers des pays hors-zone euro ce qui signifie que le dynamisme commercial germanique ne se fait plus aux dépens des partenaires européens de l’Allemagne.
 
D’où vient un tel rééquilibrage ? L’explication se situe dans le moral retrouvé des ménages allemands puisque le commerce de détail ne cesse de progresser (+4% en janvier). Cette reprise de la consommation (après une croissance quasi-nulle entre 2000 et 2010) est motivée par le dynamisme du marché du travail avec 42 millions de travailleurs allemands et un taux de chômage en baisse. Dans le même temps, c’est aussi l’effet des hausses de salaires consenties depuis la fin 2010, élément incontournable pour toute relance des dépenses des ménages.
 
L’Allemagne a donc finalement répondu de manière positive aux attentes de ses voisins qui la pressaient de partager les fruits de son dynamisme.  Ce pays montre que la relance de la consommation et, donc de l’économie, est chose possible par le biais d’efforts en matière de politiques salariales. Cela dans une conjoncture où toute l’Europe ne parle que d’austérité, de réduction des déficits et de baisse notable des dépenses courantes. Certes, Berlin n’a pas l’intention de relancer la machine de l’investissement public mais le dynamisme naissant de son marché intérieur devrait faire réfléchir les tenants d’une austérité totale.
 
Un rééquilibrage fragile
 
Reste que la persistance du bon moral des ménages allemands est loin d’être garantie. Des enquêtes d’opinions font état de craintes persistantes à l’égard de la santé de la zone euro, les personnes interrogées estimant que l’effet de contagion reste possible et cela surtout depuis le résultat des récentes élections italiennes où aucune majorité n’a pu se dégager. C’est une évidence. Une nouvelle alerte sur la santé financière de l’Italie, de l’Espagne ou de la France pourrait de nouveau inciter les ménages allemands à épargner plus et donc, à réduire leurs dépenses de consommation.
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La chronique du blédard : Hessel et les vérités insincères d’Hollande

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Le Quotidien d'Oran, jeudi 14 mars 2013
Akram Belkaïd, Paris
 
« Il pouvait aussi, porté par une cause légitime comme celle du peuple palestinien, susciter, par ses propos, l’incompréhension de ses propres amis. J’en fus. La sincérité n’est pas toujours la vérité. Il le savait. Mais nul ne pouvait lui disputer le courage. » Les lignes qui précèdent sont extraites du pseudo hommage prononcé par François Hollande lors des obsèques de Stéphane Hessel. « L’incompréhension… » Quelle mesquinerie pour ne pas écrire autre chose. Que dire et que penser de cette petitesse à peine masquée par l’habilité du style ? D’abord, que nombre de socialistes français, y compris le premier d’entre eux, sont d’indécrottables velléitaires dès lors que l’on évoque le sort des Palestiniens. Ensuite, que l’hypocrisie et le manque de…, disons de courage, semblent assez répandus dans un parti qui se réclame pourtant de l’humanisme et des engagements de Jean Jaurès.
 
Qu’a fait et dit Stéphane Hessel pour que le président français se sente ainsi obligé de se démarquer de lui le jour même de son enterrement ? Etait-ce un ancien collabo reconverti dans les affaires et le financement de certains hommes politiques dits de gauche ? Etait-ce un négationniste ? Etait-ce un fricoteur emblématique de cette françafrique qui a tant servi au financement de la vie politique française ? Etait-ce l’ami et avocat de quelques opposants africains jadis chouchoutés par le parti de la rose avant de devenir un tyran bien peu respectueux des droits de la personne humaine ? Rien de tout cela, évidemment. Stéphane Hessel a été un homme d’engagements et de prise de parole publique y compris dans les circonstances les plus difficiles.
 
On peut penser que cet ancien résistant serait entré directement au Panthéon s’il n’avait pas eu l’idée de défendre le peuple palestinien et de clamer haut et fort que sa situation est inadmissible au regard des règles du droit international mais aussi de la morale la plus élémentaire. Et c’est cela que n’aurait donc pas compris François Hollande... Ou, du moins, ce qu’il a fait semblant de ne pas comprendre car, dans cette pitoyable affaire, personne n’ignore les motivations réelles de celles et ceux qui se sont sentis obligés de multiplier les « oui… mais » à l’encontre d’Hessel et de sa mémoire. Et ne parlons pas de ses vils contempteurs à qui personne n’a visiblement appris que la droiture commande la retenue à l’égard de celui qui vient de partir, fut-il un adversaire politique voire un ennemi...
 
Pour en revenir à Hollande et sa conception de la vérité, la question est toujours la même. A-t-on le droit, en France de critiquer Israël et de rendre compte de l’injustice faite aux Palestiniens sans être accusé, comme l’a été Stéphane Hessel, d’antisémitisme ? Cette chronique n’est pas destinée à reprendre ce thème largement abordé par d’autres auteurs notamment ceux qui, comme le penseur Edgar Morin, ont été traînés devant les tribunaux pour avoir dit haut et fort ce qu’ils pensaient de l’Etat israélien. Non, ce qui est intéressant à travers le propos de François Hollande, c’est de poser la question de la sincérité du discours public dès lors qu’il s’agit de l’Etat hébreu et de la question palestinienne.
 
Dans la classe politique française, il y a des partisans résolus et déterminés d’Israël. Il y a aussi ceux qui n’ont jamais eu peur d’afficher leur soutien aux Palestiniens – on pense notamment aux communistes, à de nombreux écologistes et à d’autres courants d’extrême-gauche. Et puis, il y a les autres. Ces girouettes masquées qui, le plus souvent, défendent publiquement Israël mais n’en pensent pas moins. En privé, ils peuvent même se laisser aller aux pires diatribes anti-israéliennes voire à des propos antisémites. Pour eux, cette « israélophilie » n’est rien d’autre qu’une stratégie destinée à ne pas s’aliéner ce qu’ils pensent être les puissants soutiens français de l’Etat hébreu. On retrouve cela chez nombre d’arabo-berbères qui cherchent à se faire un nom dans l’Hexagone. Et, il faut le reconnaître, cela marche, du moins pour un temps. Que d’impostures, que de forfaitures ! Oh, le gentil petit imam, hier encore pro-burqa, qui baragouine si bien sa défense d’Israël… Oh, le courageux écrivain musulman (mais laïc, hein !) qui ne dit mot à propos des enfants palestiniens et qui déverse tant de fiel sur les siens… Oh, ce bien brave journaliste arabe qui défend les bombardements sur Gaza…
 
En réalité, ces faussets sont les vrais antisémites car, comme l’extrême-droite française des années 1930, ils croient dur comme fer à l’existence d’un lobby juif omnipuissant, tirant tous les fils dans l’ombre. Et, le pire, c’est que personne n’est dupe quant à la sincérité de leurs prises de positions y compris les premiers concernés, c’est-à-dire celles et ceux qui défendent Israël et qui semblent préférer l’hypocrisie à une adversité déclarée. Mais, c’est ainsi. C’est un jeu malodorant des apparences et des postures qui oblige à dire ce que l’on ne pense guère. Et tant pis pour l’honneur, valeur bien marginale par les temps qui courent. Tant pis pour le respect que l’on doit aux autres, ce respect qui oblige à assumer ses convictions et à agir en conséquence. Non, n’est pas Stéphane Hessel qui veut et surtout pas les insincères qui, en guise de vérité, nous assènent un couplet auquel ils ne croient même pas.
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mercredi 13 mars 2013

Cuarteto de Barcelona !

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Busquests - Messi - Xavi - Messi. Tic-tac-tac i tic ! Uno !
Iniesta - Messi : tic i tac ! Dos !
Busquets- Iniesta - Xavi - Villa. Tic-tac-tic i tac ! Tres !
Messi - Sanchez - Alba. Tic-tac i tac ! Cuatro !

Barcelone 4 - Milan 0.

Allez, levons nos verres !
Ce soir, la victoire nous a ouvert ses bras.
Nous ne frapperons ni voisins ni femmes ni enfants...


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dimanche 10 mars 2013

Le bruit du silence

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Je cours. De plus en plus vite mais le décor est toujours le même. Des arbres à perte de vue, dénudés, les branches enchevêtrées telles des filins d’acier sombre. Autour de moi, rien ne bouge. Tout est figé. C’est un monde où le mouvement n’existe pas. Sauf le mien, bien entendu. Il n’y a pas non plus de son. C’est donc cela le silence, le vrai. Pourtant, je peux crier. Je sens mes cordes vocales se tendre et les hurlements s'échapper de ma poitrine. Mais je n’entends pas ma plainte. Pourtant, je n’ai pas peur. Je sais que je vais bientôt me réveiller.
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© Akram Belkaïd

vendredi 8 mars 2013

Elle

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Elle bosse. Elle trime. Elle sort le matin, prend une respiration et se dit que cela ne sera pas pire qu’hier. Elle sait déjà qu’il y aura des regards, des mots blessants, des insultes même. On la traitera de tous les noms, parce qu’elle ne veut pas répondre, parce qu’elle passe son chemin. Au bureau, un chefaillon, incapable parmi tant d’autres, fera encore des allusions, lui glissera quelques propositions. Elle serrera les dents et continuera à travailler, faisant mine de ne rien comprendre. Elle s’accrochera, comme elle s’est accrochée à l’université. Le diplôme, malgré les autres, tous les autres. Puis, le travail, la paie, une certaine indépendance. Est-ce cela qui les fait enrager ? Ceux de l'extérieur, les inconnus mais, aussi et hélas, les siens, frères et cousins, oncles et neveux. Elle leur donne pourtant de l’argent. Les habille, leur paie cigarettes et baskets. Est-ce cela qui les rend aussi intransigeants ? Marie-toi lui disent-ils. Il est temps. Tu nous fais honte. Les gens parlent. Mais elle résiste. Encore et encore.
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© Akram Belkaïd

La chronique du blédard : Viande de cheval, libéralisme et farines animales

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Le Quotidien d'Oran, jeudi 7 mars 2013

Akram Belkaïd, Paris

 
Il y a deux ou trois ans, j’ai reçu un curieux message en provenance de la directrice d’école de mon quartier. Voici ce que disait la missive : « Madame, Monsieur. Votre enfant vous a peut-être raconté qu’il avait mangé de la viande de cheval hier midi à la cantine. Nous tenons à démentir avec force cette rumeur. Il s’agissait de bœuf et il n’entrera jamais dans nos intentions de servir de la viande de cheval à nos élèves ». J’avais éclaté de rire. Cela me semblait complètement irréel. De la viande de cheval, et alors ? Où était le problème ? L’auteur de cette chronique, ex-sloughi ou, si l’on préfère, ex-fil de fer, se souvient, qu’enfant, il en a mangé du cheval. Mange et tais-toi ! C’est bon pour ta croissance... Cela avait d’ailleurs un drôle de goût. Un peu amer, presque métallique. Enfin, c’est ce qu’il me semble en avoir retenu.
 

Tout cela pour vous dire que j’étais assez étonné du ton employé par le courrier. On sentait presque la peur du procès ou de la mise en cause par Brigitte Bardot. Etrange évolution. En quelques décennies, le cheval est devenu un animal quasiment sacré. Il faut se promener dans un marché parisien pour le comprendre. Regardez-bien, là entre la crémerie bio et le vendeur de fruits et légumes. Vous voyez l’homme qui baisse la tête, qui n’a pas l’air fier de ce qu’il fait ? Cet homme qui doit se faire insulter matin, midi et soir ? C’est bien lui : le boucher chevalin. C’est un survivant, le représentant d’un métier en disparition. Imagine-t-on un vendeur de viande de chien ou de chat sur les marchés de l’Hexagone ? Bien sûr que non, allez-vous me répondre. Pourquoi donc ? Parce qu’il s’agit d’animaux de compagnie, me répondrez-vous. Nous y voilà ! Savez-vous qu’en France il existe un mouvement sérieux, structuré et de plus en plus influent qui cherche à placer le cheval dans cette catégorie ? Bref, en France comme dans bon nombre de pays occidentaux, il est désormais mal vu de manger de la viande de cheval. Et essayer de la faire avaler à des gamins peut vous valoir de sérieux démêlés avec les services de protection de l’enfance…

 

On imagine donc le choc, la stupeur et l’effroi quand les agences de presse ont fait connaître la triste histoire de la viande de cheval découverte dans des plats cuisinés censés contenir de la viande de bœuf (je n’oublie pas non plus la viande de cochon trouvée dans des kebabs dit halal…). Au vu des différents articles, il semble bien qu’il s’agisse d’un trafic à grande échelle et non pas juste de l’une de ces péripéties frauduleuses auxquelles l’industrie agro-alimentaire nous a, hélas, habitués. Quel drame… D’abord, il y a le fait qu’il s’agisse de cheval ce qui, comme expliqué en début de chronique, a fait couler de nombreuses larmes chez les titous. Ensuite, il pourrait s'agir de chevaux roumains ou d’Europe de l’Est, ce qui laisse planer un grand doute sur leur état de santé au moment de l’abattage.

 

On notera que rares sont ceux qui ont fait le lien avec les lois communautaires qui permettent aujourd’hui qu’un plat de lasagnes fabriqué en Espagne puisse contenir à la fois de la viande venue d’Europe de l’Est et des pâtes fabriquées du côté de Naples (et de ses décharges) pour être ensuite vendu en Europe du nord après un long transport dans un camion plus ou moins frigorifiée. Et c’est bien là où réside le vrai problème. Jour après jour, scandale après scandale, on découvre que l’Europe n’est pas cette forteresse hygiénique que l’on pensait. De la merde en barquette y circule librement au nom du respect du marché ouvert et cela sans que les organismes de contrôle ne soient capables d’agir de manière efficace. Certes, les importations en provenance de l’extérieur de l’Union sont, nous dit-on, bien contrôlées. Faisons semblant de le croire jusqu’à la prochaine affaire de métal toxique contenu dans des nems surgelés ou d’excréments animaliers rajoutée à un thé dit rare.

 

Mais il y a bien plus grave que cette histoire de viande de cheval (de la viande restant de la viande ce qui explique pourquoi quelques bonnes âmes ont cru bien faire en proposant qu’elle soit donnée aux ménages les plus pauvres). En effet, à partir du 1er juin prochain, les poissons d’élevage en Europe pourront être nourris avec des farines de porc et de poisson. C’est une décision de la Commission européenne qui met donc fin à l’interdiction des farines animales prise en 1997 pour lutter contre la maladie de la « vache folle » (encéphalopathie spongiforme bovine – ESB). Pire, en 2014, on devrait assister à la réintroduction de ces mêmes farines animales mais, cette fois, pour les volailles et les porcs, Bruxelles assurant que le « cannibalisme » serait interdit (une farine de volaille ne nourrira pas la volaille). Bien entendu, la Commission jure qu’il n’y a aucun risque pour la santé du consommateur. Et les Européens, mais aussi les autres (notamment les Algériens, habitants d’un pays qui importe de tout y compris de la viande et du poisson), sont prions, pardon, sont priés de prendre cela pour argent comptant.

 

En réalité, cette affaire n’est rien d’autre qu’une grande victoire des lobbies industriels. Et leur triomphe est total. La preuve, on ne parlera plus de farines animales mais de « protéines animales transformées ». C’est-là un grand art des lobbies que d’agir sur le champ lexical pour faire taire les réticences et les oppositions, un peu à l’image des promoteurs du gaz de schiste qui ne veulent plus que l’on parle de « fracturation » et qui nous imposent désormais le terme de « massage » de la roche… Autre preuve de cette victoire des fabricants de farines animales : il n’est absolument pas sûr que la mention « nourri avec farines animales (ou avec des protéines animales transformées…) » soit obligatoire.  Ainsi, tout se tintamarre à propos de la viande de cheval vendue comme de la viande de bœuf ne doit pas faire oublier d’autres enjeux bien plus important à commencer par la manière dont sont nourris les animaux qui finissent dans nos assiettes. A moins de devenir végétarien, une tendance qui monte en puissance mais ceci est une autre histoire.
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jeudi 7 mars 2013

Interview presque pas imaginaire de Véronique Genest

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Ce matin, notre grand reporter Aziouz F. Douglass a pu poser deux questions à la grande star française Véronique Genest. Exclusif !


- Bonjour Vétronique ! On dit que vous aimez marcher seule, cigarette à la main ?
- Oui, c'est bien vrai. Je suis l'étron libre. L'étron libre et fumant !
- Vous êtes une spécialistes mondiale de l'art contemporain. Quel est votre artiste préféré ?
- J'adore Piero Manzoni. Il a pris un peu de moi dans son travail. En fait, je me reconnais dans l'intériorité de sa fameuse œuvre Merda d'Artista.
- Bien, merci pour ce scoop ! Merci ! Et on vous dit m.... pour votre élection.



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La chronique économique : Situation difficile pour l’Argentine

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 Le Quotidien d'Oran, mercredi 6 mars 2013
 Akram Belkaïd, Paris
 

En 2002, l’Argentine faisait défaut sur sa dette. Onze ans plus tard, le pays affiche une croissance soutenue (3% prévus en 2013) et fait même figure d’exemple en matière de résistance aux diktats des marchés financiers et du Fonds monétaire international (FMI). C’est aussi devenu un modèle en matière de patriotisme économique puisque la production locale est encouragée voire rendue obligatoire (au grand dam des voisins et des fournisseurs habituels du pays). Dans le même temps, les entreprises argentines ou installées sur place sont obligées de compenser leurs importations par des exportations ou des investissements dans le pays y compris dans des activités totalement différentes de leur cœur de métier.
  
La fermeté d’un fonds vautour
  
  Reste que l’Argentine fait de nouveau l’actualité en ce qui concerne ses finances. A l’origine de cette situation, se trouve un créancier qui avait refusé d’entériner l’accord de restructuration de la dette argentine après la faillite de 2001. Il s’agit de l’Elliott Fund, propriété du milliardaire américain Paul Singer. Cette société d’investissement fait partie des plus importants fonds vautours du monde, c’est-à-dire des fonds spécialisés dans le rachat de la dette privée de pays confrontés à d’importantes difficultés financières. La somme en jeu réclamée par Elliott n’est pas énorme puisqu’elle atteint 1,33 milliard de dollars mais la présidente Cristina Kirchner a juré que son pays ne verserait pas cette somme à celui qu’elle considère comme un ennemi implacable de l’Argentine. En fait, Buenos Aires propose au Fonds Elliott de le rembourser avec la même décote que les autres créanciers, ce que refuse Paul Singer.
  
  L’Affaire est actuellement jugée à New York et la justice américaine a donné jusqu’à la fin du mois au gouvernement argentin pour qu’il formule une proposition de remboursement à Elliott. Dans le cas contraire, une injonction du tribunal ordonnera à l’Argentine de rembourser Elliott à chaque fois que ce pays honorera l’une des échéances de ses autres créanciers, c’est-à-dire ceux qui, contrairement à Paul Singer, ont accepté d’effacer une partie de la dette argentine après le défaut de 2001. Et c’est pour contrer cette mise en demeure que Buenos Aires envisage donc de… ne plus rembourser personne. Ce défaut volontaire ou technique est donc le moyen radical auquel pense l’Etat argentin pour ne pas être obligé de verser le moindre dollar au Fonds Elliott. On saura à la fin du mois si l’Argentine a tout de même accepté de faire un geste avec une proposition alternative ou si la présidente Kirchner, qui suit au plus près ce dossier, persiste dans sa position de fermeté.
 
  De façon générale, ce bras de fer met en lumière plusieurs problèmes dont celui de la vulnérabilité des Etats face à la fois aux fonds vautours mais aussi à la justice américaine qui entend passer outre les questions de souveraineté - il faut dire aussi que la dette détenue par le Fonds Elliott dépend de la justice de l’Etat de New York, clause que l’Argentine a acceptée en toute connaissance de cause. Reste que si aucune solution n’est trouvée, il est fort possible que l’Argentine fasse défaut le 31 mars prochain avec ce que cela comporte comme risque de contagion et de panique pour les marchés financiers.

L’Argentine a d’autres soucis
 
  Mais ce risque de défaut technique n’est pas le seul problème de l’Argentine. Après avoir été étincelante, l’économie de ce pays est en train de ralentir dans un contexte de forte inflation (près de 25%). Bien que confortablement réélue en octobre 2011, la présidente Kirchner va devoir aussi affronter de périlleuses élections législatives à l’automne prochain. Un scrutin qui va intervenir dans un contexte de grogne générale et de ras-le-bol populaire face à la multiplication des affaires de corruption et à la dégradation des services publics. Durant plusieurs années, l’Argentine a été présentée comme contre-modèle à la voie libérale imposée par le consensus de Washington. Il est à craindre que toutes ces difficultés ne sonnent le glas d’une expérience originale qui a laissé entrevoir l’existence d’alternatives à l’orthodoxie néolibérale.
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mercredi 6 mars 2013

Biker sidéral

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C’est venu comme ça, me dit-il. Une lueur dans le ciel, j’ai couru pour voir ce que c’était. Dans le pré, il y avait comme une énorme boule de feu qui a commencé à fondre et à se transformer en une cloche de métal. J’avais tellement peur, que je suis resté planté, incapable de bouger. J’avais la tête qui bourdonnait. Et puis, soudain, quelque chose est sortie de la cloche. Un truc, genre, robot mais avec des chaussures cloutées et un blouson en cuir. C’est comme ça que j’ai compris qu’il y avait des extra-terrestres bikers. Il m’a demandé si j’avais des disques d’Elvis. Je lui ai répondu que non mais que j’avais quelques chansons de Johnny et de Dick Rivers dans mon mp3. Il a fait un drôle de bruit, t’vois, comme une sorte de grimace métallique. Il est remonté dans son truc et s’est envolé. Le problème, t’vois, c’est que personne veut me croire ! Mais, moi, je suis sûr qu'il va revenir. C'est pour ça que j'ai demandé à Babette l'intégrale du King pour Noël. C'est pour lui offrir. Enfin, les copies, t'vois ?
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© Akram Belkaïd

mardi 5 mars 2013

Adieu à Hugo Chavez

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Hugo Chavez est mort

Le président vénézuélien est mort mardi à l'âge de 58 ans des suites d'un cancer, a annoncé le vice-président Nicolas Maduro à la télévision.

L'Algérie et les Algériens retiendront, outre sa résistance à l'hégémonie étasunienne en Amérique du Sud, qu'ils doivent à Hugo Chavez la préservation vaille que vaille des ressources énergétiques de leurs pays.

C'est en effet grâce à lui, après sa visite en Algérie, que le projet de loi scélérat sur les hydrocarbures n'a pas été appliqué.

 Qu'il repose en Paix. Allah Yarahmou
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Grand Nord

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Je quitterai Vancouver à l’aube, ayant attendu les premières lueurs sur le front de mer et la presqu’île. Ensuite, je prendrai la route qui monte de l’océan vers le ciel, m’arrêtant à Squamish pour y méditer au pied du Chief, guettant les éclaireurs sur ses parois grises. Puis, apaisé, je m’en irai à roues lentes vers Whistler, espérant y trouver l’égal de l’homme, esprit tutélaire, double visage de la furie et de la sérénité.  Puis, purifié, je ferai cap sur le nord-est. Les rocheuses. L’Alberta. Le grand Nord...
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© Akram Belkaïd

lundi 4 mars 2013

De l'anti-arabisme primaire...

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Ils lisent le titre du livre mais sans lire le livre. Ils voient le mot arabe, alors leur sang ne fait qu’un tour et ils m'insultent et me calomnient ; Ils se disent encore un ennemi des Berbères ! Encore un traître à la cause Amazigh, un « arabiste », un « islamo-arabiste », un que sais-je encore… Pauvres tarés. Sont-ils bêtes et rustres. Sont-ils aussi fainéants. Ils pourraient lire. Faire un petit effort. Prendre le temps de savoir ce qui y est écrit. Mais, malheureusement, ce n’est pas le cas. La tchaqlala est, pour eux, une manière d’être. Pourtant l’Avant-propos d’Etre Arabe Aujourd’hui est disponible sur Internet. Gratuitement.
Extrait :

« Je suis arabe mais je suis aussi berbère, comme l’est la grande majorité des habitants du Maghreb central. Si je le précise, c’est que j’ai bien conscience que la revendication d’appartenance au monde arabe est délicate dans un contexte où la question de l’identité algérienne, voire maghrébine (car cette question se pose aussi pour les Marocains), est loin d’être réglée en raison de l’antagonisme entre arabophones et berbérophones. Être berbéro-arabe – puisque telle est à mon sens la définition la plus juste de l’identité algérienne – et revendiquer sa propre part d’amazighité (l’identité berbère) ne m’empêche pas de me réclamer aussi d’un monde qui va du Maroc au sultanat d’Oman et dont l’héritage culturel et religieux mais aussi politique est d’une richesse immense. » (*)

Mais, peut-être est-ce le fait de refuser d’abonder dans le sens de celles et ceux qui aimeraient bien voir une partie de l’Algérie se détacher du reste du pays qui me vaut tant d'attaques anonymes et calomnieuses. Mon refus de voir une région d'Algérie devenir indépendante par la grâce d’aventuriers qui font insulte à leur peuple en fricotant avec les ennemis des Palestiniens en pensant  - naïfs qu'ils sont - que c’est ainsi qu’ils arriveront à leurs fins. Peut-être est-ce le fait de me moquer de celles et ceux qui s’inventent une autre nationalité que l’algérienne qui les fait enrager. Ah, hélas... La haine de soi, toujours et encore…

 

 (*) Etre Arabe Aujourd’hui, Avant-propos, page 19.
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dimanche 3 mars 2013

Arabités numériques. Le printemps du web arabe

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Le Monde Diplomatique, Mars 2013.

         
Internet et ses réseaux sociaux ont certes contribué aux révolutions arabes, mais il serait imprudent d’en exagérer le rôle et l’influence. C’est la thèse du remarquable ouvrage d’Yves Gonzalez-Quijano, universitaire arabophone. L’auteur rappelle d’abord que l’émergence de la cyberdissidence arabe à la fin des années 1990 (Tunisie, Egypte, Bahreïn) est largement passée inaperçue en Occident, où se multipliaient les mises en garde à propos d’une Toile censément investie par le terrorisme djihadiste. Il détaille la manière dont les réseaux sociaux ont aidé à la réussite des soulèvements tunisien et égyptien  Facebook pour planifier les manifestations, Twitter pour les coordonner et YouTube pour les dire au monde »), avant d’évoquer le revers de la médaille. Soutenus par de nombreuses chancelleries et organisations non gouvernementales (ONG) occidentales, nombre d’internautes arabes ont couru le risque de perdre leur crédit vis-à-vis d’opinions publiques toujours méfiantes à l’égard de l’étranger.
Akram Belkaïd

vendredi 1 mars 2013

La chronique du blédard : L’Obs, Libé, SlateAfrique et les errances du journalisme

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Le Quotidien d'Oran, jeudi 28 février 2013
Akram Belkaïd, Paris

La semaine dernière, en découvrant les unes du Nouvel Observateur et de Libération toutes deux consacrées à un «roman » à propos d’une liaison en 2012 entre son auteure, la juriste Marcela Iacub, et Dominique Strauss-Kahn, ma première réaction a été une colère mêlée de nausée. J’avais devant moi le symbole de cette indécence parisianiste dont je me demande jusqu’où elle va aller et quelles catastrophes elle va finir par déclencher. C’était-là un nouvel exemple obscène de la déconnection entre les médias dits nationaux (et dits aussi de gauche…) et les Français (vous noterez que je n’ai pas parlé de France profonde mais bien de Français, où qu’ils habitent).

Voilà un pays plongé dans la crise et où le désarroi et la peur du déclassement sévissent à chaque coin de rue. Voilà un pays, où l’on sent physiquement la souffrance et la crainte du lendemain. Voilà un pays qui sait déjà que 2013 ne sera pas une bonne année sur le plan de l’économie et donc de l’emploi. Et que trouvent à faire ces deux publications qui, hier, c’était certes il y a longtemps, se mobilisaient pour les combats sociaux et la lutte contre les inégalités ? Les voici donc qui infligent au lecteur quelques bonnes feuilles à propos de cochonneries et autres galipettes qui, dans un monde normal, ne devraient intéresser personne si ce n’est quelques obsédés lubriques en mal d’images salaces. Khmadj

J’ai été heureux d’apprendre que de nombreux journalistes de Libé ont protesté contre le choix d’un tel sujet qui, à la limite et connaissant l’implacable loi du copinage et réseautage en la matière, aurait dû être cantonné aux pages littéraires. Mais, ce battage médiatique en dit long sur l’état d’une partie de la presse française, de son incapacité à réaliser que l’époque actuelle est porteuse de dangers et que ce n’est pas en organisant ici et là quelques savants débats qu’ils peuvent prétendre verser leur écot. On dira qu’en ces temps de lectures gratuites et googlisées, il faut faire preuve d’inventivité et d’agressivité pour aller chercher le lecteur. Peut-être. Mais, cela n’est ni plus ni moins qu’un pitoyable racolage qui flatte les plus bas instincts qui sommeillent en chacun d’entre nous. Bien sûr, on nous a servi l’inévitable argument de «l’excellente qualité littéraire » du livre. Tu parles…

J’étais d’autant plus énervé que je venais d’apprendre les conditions dans lesquelles le site SlateAfrique venait de congédier son rédacteur en chef Pierre Cherruau ainsi que son adjoint Philippe Randrianarimanana. Je n’emmétrai pas de jugement public sur ce renvoi. Mais, je sais au moins une chose. Pierre Cherruau a permis le décollage de ce site. Avec lui et son équipe, nous avons été quelques pigistes à avoir assis la crédibilité et la notoriété de SlateAfrique, notamment au Maghreb. Parmi ces contributeurs, où l’on comptait entre autre Chawki Amari et Kamel Daoud, il y avait aussi le journaliste marocain Ali Amar.

Pour nous autres journalistes algériens, habitués à ne jamais ménager notre plume à l’égard du pouvoir d’Alger, la présence d’Ali Amar avait quelque chose de rassurant sur le plan de « l’équilibre des forces » car cela signifiait que le Makhzen marocain en serait lui aussi pour ses frais (pas de manière gratuite mais quand l’actualité l’exigerait). En effet, trop souvent, les publications (comme les colloques) concernant le Maghreb en France se résument à une mise en accusation systématique du pouvoir algérien tandis que les deux autres voisins, surtout le marocain, sont plutôt ménagés (Mamounia et « tagineage » obligent…). Pour dire les choses simplement, dans la presse française, on peut cogner autant qu’on veut sur Abdelaziz Bouteflika, le DRS ou qui sais-je encore, mais, surtout, surtout, pas touche à Mohammed VI. Or, Ali Ammar, comme ses anciens compères du Journal Hebdo Aboubakr Jamaï et Ali Lmrabet, ne se sont jamais laissés allés à ce genre de journalisme makhzano-compatible. Le fait qu’Ali Amar ne soit plus calamum-gratta chez SlateAfrique pose donc nécessairement la question de l’indépendance de ce site vis-à-vis du Makhzen et des divers intérêts financiers interlopes qui activent en son nom. Il est possible que cette indépendance soit maintenue, mais, en tout état de cause, j’ai décidé, en ce qui me concerne, que la belle aventure avec SlateAfrique est désormais terminée.

Depuis longtemps, la majorité des écrivains se doivent de trouver un emploi pour vivre, traînant ainsi un fardeau sapant leur créativité et diminuant leur temps d’écriture. Cela vaut aujourd’hui pour le journalisme indépendant. Ce métier est en train de muter et une certaine idée de l’exercer est en train de mourir de sa belle mort. La faute à ce que j’ai décrit précédemment. Pipolisation, influence de lobbies divers, standardisation de l’écrit. La profession vit sous le règne des copains et des coquins. On en est ou l’on n’en est pas. Qu’importe l’expérience, le savoir-faire, la connaissance fine de tel ou tel sujet : on sent bien que partout les digues cèdent. Rentabilité, frilosité à l’égard de certains sujets jugés tabous, emprise des cumulards, uniformité et caporalisme. Etre à la fois pigiste et avoir un second métier va être une tendance lourde. A terme, le prix à payer par la presse mais aussi par la démocratie sera très lourd dans un contexte où l’on nous annonce pour demain des journaux sans journalistes ( !). Mais, cette inquiétante perspective ne semble guère inquiéter la presse et il est à parier qu’elle ne volera jamais la vedette à une actualité fesso-littéraire.