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jeudi 25 avril 2013

La chronique économique : De la fragmentation de l'économie mondiale

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 24 avril 2013
Akram Belkaïd, Paris
 
A la fin des années 2000 et, par la faute de la crise financière de 2008, un nouveau mot avait fait son apparition dans le vocabulaire économique. Il s’agissait de « découplage », terme par lequel on entendait mettre en exergue le fait que la (forte) croissance des pays émergents, notamment celle de la Chine, était de plus en plus indépendante des (mauvaises) performances des pays développés. La notion de découplage reste encore en vigueur mais celle de fragmentation est en train de prendre l’ascendant sur elle.

L’EUROPE, MAUVAIS ELEVE PLANETAIRE

Pour le Fonds monétaire international (FMI), l’économie mondiale est, en effet, entrée, dans une phase de fragmentation puisque le dynamisme des pays émergents ne se dément pas tandis que l’Europe n’en finit pas de sombrer dans la récession et que les Etats-Unis s’en tirent mieux même s’ils ont du mal à renouer avec une croissance créatrice d’emplois. Le moteur mondial tournerait ainsi sur trois vitesses différentes, celle des pays émergents, celle des Etats-Unis et celle, la plus lente, de l’Europe. Pour le FMI, cette fragmentation explique pourquoi la croissance du PIB mondial devrait atteindre 3,3% en 2013, une prévision que nombre d’économistes trouvent d’ailleurs optimiste et ne tenant pas suffisamment compte de l’atonie européenne.

Le Fonds a pourtant reconnu la semaine dernière lors de son Assemblée générale que des pays comme Chypre et l’Italie constituent de sérieux motifs d’inquiétude , cela sans compter la situation globale des banques européennes qui ont encore du mal à assainir leurs comptes et à financer l’économie. Plus important encore pour le banquier mondial, les plans d’austérité concoctés par les gouvernements européens pour diminuer les déficits budgétaires semblent n’avoir rien résolu, ayant durement affecté la demande. C’en est même au point où le FMI demande lui-même, de façon plus ou moins assumée, une pause dans les plans d’austérité appliqués en Europe. « Si un pays en a la possibilité, il faut penser à ce qui peut être fait pour réduire le rythme de l’assainissement budgétaire afin qu’il reste crédible mais qu’il n’ait pas trop d’impact négatif sur la demande », a ainsi écrit Olivier Blanchard, le chef économiste du Fonds, évoquant spécifiquement la nécessité pour le Royaume-uni de revoir sa politique de rigueur.

UNE MISE A L’ECART DE L’EUROPE ?

La question de la fragmentation de l’économie mondiale est une menace directe pour l’Europe car elle peut encourager les pays émergents à se détourner peu à peu de cette région et à privilégier les échanges entre eux. D’ailleurs, des pays comme la Chine ou le Brésil ne disent pas autre chose en reprochant à l’Europe de ne pas prendre les mesures nécessaires pour son redémarrage économique et en menaçant d’exclure cette région de leurs projets d’investissement. Autre inconvénient de cette fragmentation, la difficulté à trouver des solutions globales pour résoudre les problèmes économiques globaux. Du coup, une idée reçue de la mondialisation est en train de voler en éclat : non, la globalisation ne signifie pas obligatoirement une synchronisation des cycles économiques entre différentes régions du monde. En clair, il y aura toujours des gagnants et des perdants, n’en déplaise à celles et ceux qui affirment que la mondialisation, c’est la généralisation du modèle « win-win » (gagnant-gagnant).
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