Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

lundi 23 janvier 2012

Solidarité avec Zied Krichen et Hamadi Rdissi

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Les images, disponibles sur internet, sont choquantes. Le journaliste tunisien, Zied Krichen et le professeur des sciences politiques, Hamadi Rdissi, ont été agressés lundi 23 janvier 2012 devant le palais de justice de Tunis où venait de se tenir le procès de Nessma TV (l'audience a été reportée). Les deux hommes, qui ont toujours gagné leur dignité, ont été insultés et frappés, notamment par derrière, par des individus portant pour la plupart des barbes, certains agitant des fanions salafistes. 
Protégés par deux agents de sécurité, Krichen et Rdissi se sont réfugiés dans un poste de police où, selon les déclarations faites par Zied Krichen à l'agence tunisienne de presse (TAP), ils ont porté plainte contre leurs agresseurs. Le soir même, le Premier ministre Hamadi Jebali a condamné  devant l’Assemblée constituante cette agression. "Je condamne la violation de l’intégrité physique du journaliste Zied Krichen", a-t-il déclaré en annonçant qu’une enquête sera menée, et que l’agresseur sera puni, quelle que soit son appartenance.


Devant une telle manifestation de haine, on ne peut que l'espérer. C'est un fait que Rdissi et Krichen ont échappé de peu à un lynchage. Relevons au passage que nombre de personnes qui photographiaient et filmaient la scène auraient pu s'interposer. Mais passons. Ce qui choque aussi, sont certaines insultes entendues notamment celle de "ennemi de Dieu". On ne peut accepter pareil vocabulaire. On sait très bien ce qu'il peut induire comme dérapages. Le silence des dirigeants d'Ennahdha n'est pas acceptable non plus. Certes, le Premier ministre a promis que les coupables seraient punis mais, dans l'affaire, il faut aussi qu'il aille plus loin. Qu'il assure que personne n'a le droit de s'en prendre à un autre pour ses idées. Et que toute tunisienne et tout tunisien ont le droit d'avoir leurs propres opinions sans que personne ne vienne à les traiter d'ennemi de Dieu. Il y va de l'avenir de la Tunisie, de sa paix civile et de l'intégrité de ses intellectuels et penseurs. Ne pas punir les lâches qui ont frappé ces deux hommes serait une faute. Cela ouvrira la voie à d'autres actes de violence.
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1 commentaire:

Varzen a dit…

Rien que du déjà-vu, malheureusement. Soit les Tunisiens y ont pensé mais ont cru (à tort, donc) que leurs islamistes à eux seraient différents, soit ils n'ont pas révisé leurs cours d'histoire.

Etonnant, tout de même, cette obstination à vouloir mordre la poussière comme les autres, perdre un temps extrêmement précieux à faire du sur-place ou à gigoter pitoyablement à reculons.

A moins qu'en effet, il faille accorder un début de commencement d'ébauche de crédit à la thèse des "conspis" sur ces révolutions possiblement téléguidées, plus vraisemblablement orientées.